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Accueillir l’Autre dans sa fragilité : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12, 10)

Accueillir la personne âgée dans sa fragilité, ce n’est pas l’accueillir pour la transformer, c’est au contraire oser lui faire une large place dans la relation, jusqu’à accepter de se laisser transformer par elle. Savons-nous accueillir la fragilité des personnes que nous rencontrons quand elles sont différentes voire énigmatiques pour nous ?
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A la vue des atteintes de la maladie ou de l’âge, nous avons souvent un premier mouvement de recul, craignant peut-être de ne pouvoir apporter aucune aide ou redoutant d’avoir sous les yeux ce que nous deviendrons un jour. Nous avons peur d’être maladroit car nous n’avons pas expérimenté ce que nos proches souffrants vivent quotidiennement. En élevant nos enfants, nous avons gardé quelques souvenirs de la façon dont nous-mêmes vivions à leur âge ; nous ne savons pas en revanche ce que vivent nos parents âgés qui éprouvent de grandes difficultés à réaliser des actes qu’ils faisaient facilement 15 ou 20 ans plus tôt. Dans de telles situations que pouvons-nous faire ?Avant de vouloir faire quelque chose, nous devons changer notre regard sur ceux qui restent, tout au long de leur vie, une image unique, quelque soit leur situation, et qui continuent à nous apporter autant que nous pouvons leur donner ; ils n’ont pas besoin de pitié, mais d’un échange à part égale. Cela demande beaucoup d’humilité, d’attention et d’écoute.
Nous devons ainsi montrer concrètement à ceux qui souffrent que leur dépendance et leurs limites ne diminuent pas l’importance qu’ils ont et qu’ils ont toujours un rôle à jouer, par exemple participer au CVS (Conseil de la Vie Sociale), animer un atelier ou par le témoignage de leur vie (atelier intergénérationnel).
Le changement de regard sur les prochains souffrants nous permettra de trouver les moyens concrets pour les aider à trouver du sens sur leur vie. Après une entrée en maison de retraite, les soignants comme les familles observent la dépendance croissante de nos aînés. Nous apprenons ainsi à suivre leurs pas quand ils marchent avec un déambulateur, puis à pousser leur fauteuil, et enfin à manœuvrer leur lève-malade. C’est pour nous soignants, familles, bénévoles une grande richesse de les accompagner sur ce chemin de dépouillement et d’abandon non dénué d’angoisses et de refus, jusqu’à une mort sereine.

Anne-Claire SCHMITT-ROUSSELOT
Psychologue en EHPAD, Formatrice pour les personnels soignants

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